dimanche 27 janvier 2013

Vue d'ensemble du Fort-Napoléon - 1857

Vue d'ensemble du Fort-Napoléon , à sa fondation en 1857
Cette gravure tirée du journal " L'Illustration " est une vue d'ensemble du Fort-Napoléon en 1857, année de son édification.
C'est une fidèle représentation 
de 2 plans fondamentaux de la ville :
 - Le plan de Fort-Napoléon réalisé en 1859, où sont inscrits les principes d’organisation et de distribution qui marqueront définitivement la morphologie du Fort puis de la ville actuelle : Larbaa Nath Irathen.
- Le plan de 1862 dans lequel on voit la mutation de la place militaire en une commune mixte avec l'installation de colons civils. 


On y distingue clairement les éléments structurants du Fort tels que les voies, les places et principaux quartiers militaires, l'enceinte avec ses bastions et enfin les portes d'Alger et du Djurdjura encore nommées portes d'Azouza et d'Aboudid.
Ce dessin illustre également, en l'accentuant, la topographie du site et l'impact du relief qui augure du  développement futur de la ville en gradins.

1- Les casernes d’infanterie et les pavillons d'officiers occupent les plateaux supérieurs du Fort et leur accès se fait par des rampes au niveau de la porte d'Alger et derrière la Cavalerie. Ces rampes existent toujours pour rejoindre la rue d'en haut et la Caserne actuelle. 
Il s'agit des pavillons des officiers supérieurs (7), des baraquements de la troupe (8 et 10) dénomée Caserne Voirol ou Warolles selon les sources, du pavillon d'officiers (9) et de la maison du commandant supérieur (11).
Le baraquement (10) situé au point le plus haut du fort sera remplacé par la Caserne Rullières après l’insurrection de 1871.

Caserne Voirol : baraquements des troupes à gauche,
pavillons des officiers supérieurs dans le fond,
 la muraille et le Djurdjura sont côté droit, hors champs.

La Prison et les Bureaux Arabes (13) sont regroupés dans des bâtiments en peigne contre la muraille en s'adaptant à la pente du terrain.

Enfin, il est fait mention des "dernières maisons du village de Souk-el-Arba" (12) qui sont en réalité les vestiges du village d'Ichéraouia / Ichariwen qui fut conservé durant quelques années pour loger des officiers avant d'être totalement détruit.

2- La "rue d'en haut" ne comporte que quelques bâtiments d'habitation légendées "14-baraques des colons civils" qui se développent également sur le Cours central à proximité de la porte d'Alger. Ces terrains à la pente abrupte, inexploitables pour des bâtiments militaires, étaient initialement destinés aux cantiniers civils et aux marchands ambulants. (cf. article "plan de 1862").





Implantation des civils à proximité de la porte d'Alger
Vue de la rue d'en haut, appelée ici "La Haute Ville"
3- Dans la partie inférieure, plus accessible par la route principale, se développent le quartier de Cavalerie (27) ainsi que tous les autres établissements ordinaires tels que l'hôpital, l'administration, le commandement, etc. 

Dans ce quartier et tout le long du Cours principal, les terrains ne sont pas assignés à des fonctions immuables, ce qui permettra la construction de nouveaux bâtiments et l'occupation civile du Fort après l’insurrection de 1871.

21- Place Randon
Le Cours principal reliant la Porte d'Alger et la Porte d'Aboudid est l'un des axes majeurs du Fort. Nommé successivement "Cours Napoléon", "Rue Randon" et "rue du Colonel Amirouche", cette voie suit le tracé de la route nationale entre Alger et Michelet. Dés cette période elle accueille les édifices symboliques comme le Cercle Militaire(20) et le mess des Officiers autour de la Place Randon (21).


Le Cercle Militaire - 1914
C'est à proximité de la Place Randon que seront bâtis les édifices institutionnels de l'implantation civile : la Mairie ( à la place des bureaux du génie - 22 ) l'Eglise construite en 1877, et l'Ecole ( à la place du parc du génie - 19).

La rue Randon deviendra naturellement au début du 20ème siècle le lieu d'une intense activité commerciale et touristique avec la présence un grand nombre d'hôtels comme en témoignent les cartes postales de l'époque.


4- Dans la partie la plus basse du fort, apparaissent l’hôpital militaire et ses dépendances (25), la manutention militaire (26) puis en allant vers la droite, les bureaux du génie (19) et la fameux parc à fourrage Chambon (16) ou sera construit l'ensemble de 96 logements dite "Jumbo". Le chemin reliant ce terrain à la Rue Randon préfigure la route et l'une de rampes caractéristiques de la ville actuelle.

La rue "d'en bas", dont le dessin est amorcé sur les plans de 1859 n'est pas représentée ici.


Hopital Militaire
Parc à fourrages - Chambon
5-Hors les murs, la légende de la gravure fait mention d'un parc d'artillerie (4) étrangement livré à l'extérieur et qui sera rapatrié après l'insurrection de 1871 dans la Caserne, où il existe encore à ce jour .
Les tentes représentées à proximité du parc Chambon sont le magasin provisoire du campement (17)
Le jardin militaire (29) est l'actuel quartier appelé "Djenane"


Vue du jardin militaire






samedi 26 janvier 2013

Plan de 1862 - 3e plan de Fort-Napoléon


PLAN DE FORT-NAPOLÉON - 1862

L'importance de ce projet par rapport au précédent réside dans l'implantation des constructions civiles. Ces premières habitations sont édifiées entre la voie principale et la "rue d'en haut".

A l'origine, le Fort devait être une place destinée uniquement aux militaires. Malgré tout, des marchands colons, après avoir suivi comme fournisseur les colonnes d’occupation, obtiennent des Commandants d’armes, l’autorisation d’installer provisoirement des magasins de denrées à proximité des casernements. Par la force des choses, ces occupations, légitimées par de simples tolérances, furent octroyés aux premiers habitants de la ville civile.
Les autorités locales pensent qu’en raison de la qualité du climat et des terres disponibles à l'implantation d'habitations, des projets de lotissements établis par l’administration des Domaines peuvent être menés afin de doter les premiers colons de logements et de terres. Ces derniers avaient déjà commencé à bâtir et à cultiver lors de l’établissement militaire en 1857. Les lotissements de 1864 et de 1870, font obtenir de fait des titres de concessions à ces premiers colons et marquent la création de la ville civile[1].

En ce qui concerne les bâtiments militaires, leur aspect formel et fonctionnel se précise avec l'élaboration des aménagements extérieurs de l'hôpital militaire et le quartier de cavalerie.
L'entrée de la ville, côté porte d'Alger, se définit un peu plus avec le projet de la gendarmerie et les habitations coloniales placées à l'alignement, formant une paroi continue suivant le cour principal.
Le quartier de cavalerie est axé dans la porte du Djurdjura. Le Pavillon du Commandement et le mess des officiers se répartissent de part et d'autre de la place Randon, définissant ainsi le caractère institutionnel de celle-ci.

La partie supérieure se développe aussi avec l'introduction des bâtiments de l’Arsenal d’artillerie situés entre les deux quartiers d’Infanterie. Le plus important de ces quartiers s'agrandit tout en conservant ses bâtiments de plein pied et en occupant provisoirement tout le plateau supérieur.
Le réseau de rues et de ruelles se peaufine notamment derrière la place Randon avec de nombreux parcours desservant les casernes d'infanterie.

Note : En 1878, la place de Fort-National est la plus importante de la chefferie, tant du point de vue stratégique, que de l'importance de sa garnison, des ressources et des établissements qu'elle contient. Mais c'est aussi le point le plus exposé en cas d'insurrection. [2]



[1] SHAT, Carton 1H606 Fort-Napoléon, Art.6-1, n°34 a, Rapport du chef de bataillon JENSON, Au sujet de la constitution du Domaine militaire de Fort-National.
[2] SHAT, Carton 1H604, Fort-Napoléon, Art.3, n°51, Au sujet du déplacement de la chefferie de Fort-Napoléon.

vendredi 18 janvier 2013

La Caserne Rullières - partie 1 - 1871

Caserne Rullières
La construction de la Caserne Rullières a été envisagée dés 1868 lors du remaniement du Fort en prévision d'une possible insurrection en Kabylie.

Les effectifs du Fort avaient été allégés du fait d'une situation relativement calme dans le pays. Aussi, le Commandant du Génie, pressentant un soulèvement des Kabyles, proposa de diminuer l'enceinte à défendre car il ne serait pas possible d'assurer la défense des 2300 m et des 17 bastions de la fortification existante.
Un projet de Réduit, terme désignant le "dernier refuge d'une forteresse" en architecture défensive, est étudié à partir de 1868, 3 ans avant l'Insurrection.

Façade principale de la Caserne Rullières

La caserne (fig. 16-17-18-19) prévue à l'origine pour 600 hommes se compose :
§  d’un demi-étage souterrain voûté renfermant des magasins des vivres, d'habillement, d'une salle d'escrime, et d'une citerne de 1260 m3 de capacité.
§  d’un rez-de-chaussée contenant le logement de 345 hommes, une manutention et un magasin aux farines.
§  d'un étage occupé par des chambres pour 291 hommes et d'une réservation dans la partie centrale du bâtiment pour former l’hôpital de siège.
Par la suite, le bâtiment accueille dans ses combles des logements supplémentaires.

Le Directeur du Génie approuve globalement le projet mais par souci d’économie il propose une réduction du bâtiment afin que la capacité se limite à 400 hommes, ajoutant qu’en temps normal une garnison de 300 hommes suffirait.[1]

(Note : En 1872 le Fort héberge 915 hommes et 118 chevaux. La caserne du Réduit permet d'augmenter ce nombre à 1300 hommes en tout à l'intérieur de la place[2]).

Plan d'affectation de la Caserne - 1875

La caserne Rullière s'appuie sur le modèle de casernes à l'épreuve[3]de 1843, dont les principes d'aménagement découlent directement des magasins à poudre de VAUBAN, petits bâtiments voûtés à simple rez-de-chaussée résistant aux coups d'artillerie". Les ingénieurs ont ainsi utilisé ce système "sécuritaire" pour les logements des troupes en superposant des niveaux constitués de voûtes.

Dans les bâtiments de cette envergure, où se déplacent un grand nombre d'hommes, ce moyen permet de multiplier les escaliers et d'exclure les corridors "dans l'intérêt du service de paix, de la discipline de la vie intérieure du soldat et la conservation du bâtiment"[4].Le mouvement trop longtemps prolongé dans les intérieurs provoque des vibrations nuisibles à la solidité d'une bâtisse. Les masses et l'espace sont donc divisés pour atténuer cette cause de destruction.

Le Capitaine Belmas propose en 1823 d'associer le principe de séparation espace de vie/espace de circulation et le principe de distribution, pour une meilleure fonctionnalité des casernes. Chaque niveau est desservi par trois escaliers réalisés en pierre: un au centre et deux aux extrémités, reliés entre eux par une vaste circulation centrale qui coupe les chambres en deux. Chaque chambre devant être éclairée et ventilée par une fenêtre dans l'axe de la travée.




La caserne Rullière (fig. 21) est composée de neuf travées de 6,90 m séparées par des refends en briques de 0,70 m, et traversés par une circulation centrale de 1,50 m de large. Les escaliers, adossés à la façade arrière, font face aux trois entrées principales et se répartissent dans la travée du milieu et dans les avant-dernières travées extrêmes du bâtiment. Ils desservent uniquement le rez-de-chaussée, l'étage et les combles, l'accès au sous-sol semi-enterré se faisant en contrebas de l'édifice, par la façade arrière. Celui-ci n'est éclairé que partiellement par des ouverture placées dans les cinq travées centrales.

Les murs de façades, de 0,70 m d'épaisseur, sont réalisés en briques et le parement en moellons avec joints apparents. La ceinture du soubassement du rez-de-chaussée est en moellons appareillés.
Chaque baie qui la compose est axée dans une travée : l'encadrement et le linteau sont en briques, la clé de voûte et l'allège sont en pierre. Des meurtrières sont réparties de part et d'autre de cette ouverture et font office de ventilation des pièces.

Les planchers sont "classiques", de type métalliques, ils permettent un franchissement de grande portée et s'altèrent moins rapidement que le bois face aux problèmes d'humidité. Les petites voûtes réalisées avec un remplissage en hourdis de briques pleines ont l'avantage de résister aux surcharges considérables et sont moins coûteuses que les voûtes en maçonnerie.

Le plancher haut du sous-sol est l'unique ouvrage de la construction à être "voûté à l'épreuve". En effet, la règle pour les ingénieurs militaires est de ne construire des logements à l'épreuve que pour le tiers de l'effectif, soit comme dans le cas de notre édifice, le rez-de-chaussée seul pour un bâtiment de trois niveaux. La seconde raison tient du fait que cette solution est économique et simple à réaliser[5].
Cette disposition concerne plus précisément l'organisation de voûtes et de culées[6]. Ici, la disposition des voûtes se fait de manière transversale : celles-ci s'équilibrent deux à deux sur un même refend, ce qui oblige à contrebuter les pieds droits aux extrémités du bâtiment. Le retournement de ces trames permet de créer trois compartiments ou petits locaux exceptionnels en bout de bâtiment. L'avantage de ce système permet d'avoir une façade "libre" pouvant être percée à volonté.

Les matériaux utilisés pour les piliers de fondations de la caserne sont réalisés en béton de mortier hydraulique (chaux de Theil différente de la chaux du pays) à cause des terrains humides. Les pierres des fortifications, des différents casernements et des pavillons militaires proviennent des carrières d'Imaïsseren situées à proximité de Fort-National.

Les combles simples en bois sont posés sur les deux murs de façades. le type de la toiture se plie aux conditions climatiques avec ses deux pentes pour faire face aux intempéries hivernales, son revêtement est en tuiles.
Les chiens assis sont, au même titre que les baies, placés dans l'axe de chaque travée, les cheminées sont disposées entre-axe, ce qui produit un ordonnancement rigoureux des 4 façades.

Suite : La Caserne Rullières - état actuel 


[1] SHAT, Carton 1H604, Fort-Napoléon, Projets pour 1868-1869, Projet de répartition et d'affectation des chambres de la caserne du Réduit, 1er octobre 1875.
[2] SHAT, Carton 1H604, Fort-Napoléon, Art 3, n°31, translation à Fort-National du chef-lieu de la circonscription de Dellys.
[3] Caserne à l'épreuve : édifice conçu pour permettre aux hommes et au matériel de résister aux projectiles en cas de siège.
[4] DALLEMAGNE, op.cit.
[5] DALLEMAGNE, op.cit.
[6] Culée : massif de maçonnerie destiné à contenir la poussée d'arc en voûte.





dimanche 6 janvier 2013

Plan de 1859 - 2eme plan de Fort-Napoléon

Plan d'ensemble de Fort-Napoléon, septembre 1859
Extrait du registre des délibérations du comité des fortifications.
Séance du 26 janvier 1859
 ...
            Le Fort-Napoléon est situé dans un pays très accidenté, sur un emplacement irrégulier, fort élevé au dessus d'une partie du terrain environnant. Il est pourvu d'une enceinte en maçonnerie également irrégulière flanquée de 17 bastions et percée de deux portes. Enfin, il est traversé de l'ouest à l'est par la route d'Alger au Djurdjura qui le divise dans le sens de sa longueur, en deux parties Nord et Sud à peu prés égales.
            Du côté Sud, entre les bastions 10 et 15, le fort se rattache au terrain environnant, par des pentes abruptes, qu'il domine entièrement, et qui sont tout à fait infranchissables, si ce n'est le long d'une double arête qui aboutit entre les bastions 13 et 14.
            Du côté du Nord, le terrain bien que moins incliné, descend rapidement vers le ravin d'Aboudid, et la montagne située au delà de ce ravin domine le fort à une distance qui varie entre 1500 et 2000 mètres. 
...

Ce plan marque les principes d’organisation et de distribution ébauchés dans la proposition de 1857 et trouvent leur expression finale avec :
- le tracé des places et voies majeures : place Randon, cours central, "rue d'en haut" et amorce de la "rue d'en bas"
- la position des quartiers militaires les plus structurants du fort : la cavalerie, le casernement d’infanterie A et B (caserne Voirol), les magasins des subsistances, l'ambulance, la manutention, l'hôpital militaire, les ateliers du Génie et les Bureaux Arabes.


Ce plan montre également que les Ingénieurs ont une meilleure connaissance du terrain, ce qui les conduit à modifier l’implantation de certains îlots dont la construction semblait complexe face à la topographie du site : ex. le Quartier de Cavalerie, les ateliers du Génie et les Bureaux Arabes :

Le Quartier de Cavalerie , quartier ROIZE (sur l'actuelle place Abane Ramdane)

Dans le rapport annexé à ce plan de 1859, on peut lire que la construction serait difficile et coûteuse sur l’emplacement prévu (ndlr : vers l'actuel Djumbo, dans le 1er plan de 1857), vu son accès impraticable en hiver. La proposition du chef du Génie est de reporter son emplacement entre la Place Randon et la Porte du Djurdjura :
"…Sur un" petit plateau bien nivelé" et occupé par les approvisionnement de l’administration. La route actuelle reste sur la gauche et la rampe qui doit monter au plateau du Maréchal descend directement aussi sur la porte du Djurdjura en suivant les bâtiments du quartier. On placera une fontaine abreuvoir sur le palier du milieu des deux grandes rampes de la place, ce qui sera facile avec les eaux du réservoir du plateau du Maréchal ( ou le siphon d’Aboudid fonctionne maintenant d’une manière régulière). Les baraques et écuries du Quartier C qui seront parfaitement placées entre deux routes sur un plateau légèrement élevé auront environ 300 m de développement".
Les Etablissements du Génie occupent la même position que propose l’esquisse de 1857 mais sont réajustés pour éviter les ravins. La chefferie du Génie initialement placée prés de l’îlot de l’Arsenal est rapprochée et positionnée dans l’alignement des Ateliers.

La Prison, les Bureaux Arabes, le Fondouk et la Maison des hôtes restent sur le plateau du bastion 10 mais leur emplacement est réaligné à la muraille pour suivre les horizontales du terrain. 

Simultanément à la prise en compte des réalités topographiques, les ingénieurs opèrent un réajustement suivant les besoins réels de la garnison en terme de dénombrement, de surfaces nécessaires, de répartition des fonctions et d’accès aux bâtiments.

Les Casernes d’infanterie, dont le nombre de bâtiments passe de 40 à 26, se maintiennent sur les plateaux supérieurs du fort et leur accès se fait par des rampes au niveau de la porte d’Alger et de la Cavalerie qui rejoignent la rue haute parallèle au cours Central.

Il n’est fait aucune mention des îlots destinés aux constructions civiles ainsi que des édifices publics et religieux prévus initialement dans l’axe de la Place Randon. Cependant on note la présence provisoire de "cantiniers civils" sur une langue de terrain abrupte proche de la Porte d’Alger.


Plan de Fort-Napoléon - 1859 / avec commentaires


samedi 5 janvier 2013

Plan de 1857 - 1er plan de Fort-Napoléon

"Fort-Napoléon, sur le Souk-El-Arba des Béni Raten.
Tracé de l'enceinte définitive et distribution des établissements militaires
Plan du 23 juin 1857"

Ce plan pose les principes de distribution et d’organisation fondamentaux qui marqueront l’évolution et le développement du Fort jusqu'à nos jours.

Les quartiers d’infanterie sont situés dans la partie supérieure, et dans la partie inférieure, plus accessible par la route principale, se développent le quartier de cavalerie ainsi que tous les autres établissements ordinaires tels que l'hôpital, ses dépendances, l'administration, le commandement etc. Dans le quartier "d'en bas", les terrains ne sont pas assigné à des fonctions immuables, ce qui va permettre la construction de plusieurs édifices symboliques majeurs comme la mairie et l'église construite en 1877.

En ce qui concerne le tracé de l’enceinte, on note l’extension de la fortification au sud annexant un autre plateau dominant de la ligne de crête, point de contrôle important sur la route du Djurdjura. Les bastions sont redimensionnés et trouvent ici, au même titre que le tracé de la place, leurs formes définitives.
"Le Fort est pourvu d’une enceinte en maçonnerie irrégulière flanquée de 17 bastions et percées de deux portes. Traversé de l’ouest à l’est par la route d’Alger au Djurdjura qui le divise dans le sens de sa longueur, en deux parties nord et sud à peu près égales. Du côté sud, entre les bastions 10 et 15, le fort se rattache au terrain environnant, par des pentes abruptes, qu’il domine entièrement et qui sont tout à fait infranchissables, si ce n’est le long d’une double arête qui aboutit entre les bastions 13 et 14. Du côté nord, le terrain bien que moins incliné, descend rapidement, au niveau des bastions 6 et 7, au ravin d’Aboudid".1
La route de Tizi-Ouzou à Michelet, itinéraire régional, traverse le cœur de la ville pour en devenir le cours central. Elle relie les deux portes du Fort, la porte d’Alger, accès principal, et la porte d’Aboudid, et divise la ville dans le sens longitudinal en une partie haute, et une partie basse. Cette dernière partie est desservie par des voies dédoublées en certains endroits par des rues transversales descendantes, découpant les différents quartiers suivant leur fonction et permettant d'accéder directement aux bastions et au mur d’enceinte.

L’idée d’inclure un centre civil est présent dès la première esquisse. Dans le cas de Fort-Napoléon, les quartiers civils et militaires ne sont pas séparés par un mur d’enceinte, comme c'est le cas dans la ville de Sétif, mais sont juxtaposés. L’emplacement réservé aux constructions civiles occupe une position centrale dans la place en s'implantant de part et d’autre du cours principal.

En terme de formes urbaines, les bâtiments sont disposés en peigne, redan, rangés parallèlement ou perpendiculairement aux faces de l’enceinte suivant les modèles de référence des ingénieurs du Génie, exemple caractéristique de l'application des principes de Vauban, mettant en rapport la régularité et l'ordonnance du bâti avec la défense.

Les établissements s’organisent dans des îlots clôturés qui se distinguent par fonction : les établissements des subsistances, l'ambulance, les lits militaires, les ateliers du Génie, le quartier de cavalerie, le parc au fourrage, les Bureaux Arabes, la prison, etc.

1 SHAT, Carton 1H604, Fort-Napoléon,. Extrait du registre des délibérations du Comité des fortifications. Séance du 26 janvier 1859
.

Plan de 1857- Fondation

"Lever de la position du Souk-El-Arba,
avec indication du tracé de l'enceinte fortifiée du Fort-Napoléon
 projeté sur ce point, Plan du 15 juin 1857"



" COMPTE RENDU DES TRAVAUX EXÉCUTÉS EN KABYLIE;
 CHOIX DE LA POSITION DE FORT-NATIONAL - 10 juin 1857

Terrain adéquat pour recevoir une garnison de 4 bataillons d'Infanterie à 700 hommes et de détachement d'artillerie, du Génie, du train des équipages , des ouvriers d'administration et de cavalerie pour le bureau arabe (200 hommes et 100 chevaux, 3000 hommes en tout). Les sources(ndlr: d'eau) sont nombreuses et abondantes. L'enceinte englobe toutes les sources . capacité intérieure : 12 ha.
Carrières proches fournissant moellons et pierre de taille. "
Source : SHAT de Vincennes.

La première esquisse d’implantation montre le tracé d’une enceinte de 12 bastions englobant plusieurs plateaux, choisis "afin qu'aucune partie du terrain n'échappe à la vue", un ravin et des sources naturelles.
Le village kabyle d’"Ichéraouia" - Ichariwen, situé sur la partie la plus haute du site a été conservé dans un premier temps comme logement des officiers, puis jugé insalubre il sera détruit. 
Les habitants d'Ichariwen furent contraints de partir et s'installèrent à Tizi-Rached.

La route principale traverse le Fort d’ouest en est et s’appuie sur une structure existante de chemins vicinaux suivant une même courbe de niveau.
Les chemins de terre permettent de relier le village aux nombreux points d’eau disséminés en contrebas. Ils constituent les premiers parcours de desserte du "haut" et du "bas".

A l'est de la future enceinte se trouve le "Souk-El-Arba", marché où s'établit en premier lieu l'armée française et à l'ouest la route conduisant à Tizi-Ouzou, ville stratégique occupée par les militaires.

Le tracé de l’enceinte restera sensiblement le même tandis que la forme et la surface des bastions évolueront.


Indication de quelques repères actuels