dimanche 17 février 2013

Les Portes de Fort-National

 La porte d'Alger est l'un des symboles les plus marquant de Fort-National.
Chaque habitant racontant ses souvenirs en viendra toujours à parler des portes de la ville. 
Elle a été photographiée à toutes les époques et jusqu'à présent c'est l'une des représentation les plus populaires parmi les cartes qui se partagent sur internet.

L'accès au Fort était contrôlé par la porte d'Alger à l'ouest et la porte du Djurdjura à l'est.

Porte d'Alger - Côté extérieur indiquant l'altitude de Fort-National 912m


Porte d'Alger - côté intérieur

Les portes de villes : 

Les portes de villes faisaient partie de fortifications. Leurs formes étaient très variées selon les lieux et les époques mais en gardant un but identique : permettre une surveillance et un contrôle des flux entrants et sortant de la zone fortifiée.

Certaines portes étaient conçues dans un but défensif pour retarder l'attaquant dans sa progression. Les troupes chargées de défendre le Fort étaient ainsi protégées et gardaient un avantage sur l'ennemi en le gardant sous ses feux. 



Porte du Djurdjura - Côté extérieur

Porte du Djurdjura - côté intérieur
Les portes pouvaient avoir d'autres fonctions plus symbolique, concrétisant un pouvoir ou une propriété. C'était le cas des portes de Fort-Napoléon dont l'enceinte et les portes n'étaient pas des ouvrages "défensifs" à proprement parler vu l'épaisseur des murs et la simplicité du tracé.


Cela s'explique par l'inégalité d'armement entre les troupes françaises possédant tout un arsenal d'artillerie, (canons, mitraillettes, fusils) et les Kabyles qui n'avaient pas d'armes à feu.

Entre 1871 et 1962, la ville continuait de fermer sa porte le soir aux autochtones. Cette limite a perduré dans la mémoire des habitants longtemps après la destruction des deux portes et peut-être perçue dans leurs mots lorsqu'ils expriment qu'ils sont "de la ville", par leur appartenance aux anciennes familles vivant dans l’actuel centre historique de Larbaa. C'est souvent un sujet de taquinerie entre "ceux de la ville", les vrais, et "ceux des villages environnants.



Vue d'ensemble de Fort-National avec la Porte d'Alger
Messages et symboles : 
Deux inscriptions manuscrites ont été peintes sur les portes, l'une par les autorités françaises sur la porte d'Alger rappelant aux Kabyles leurs devoirs de citoyens français. Et l'autre indiquant que la Kabylie est pour toujours française.

Ces inscriptions rappellent la forte symbolique des portes.


Porte d'Alger

Porte du Djurdjura

La construction des portes de Fort-Napoléon : 
Les premiers plans des portes datent du mois d’août 1857, alors que le Fort lui même est en cours de construction. La première pierre ayant été posée par le maréchal Randon le 14 juin 1857.

Les portes sont des constructions symétriques se composant d'une porte à arcade en pierre, dont l'ouverture fait 3,70 m de largeur par 5,80 m de hauteur. Elles étaient vraisemblablement fermées par de grandes portes en bois ou des grilles métalliques, qu'on peut apercevoir ouvertes sur certaines photos.

Elle est flanquée de deux corps de garde, simples constructions rectangulaires de 4,80 m de largeur par 7,30 m de longueur. Les façades de ces bâtiments sont percées de meurtrières côté extérieur et ouvertes plus largement côté intérieur par une porte et deux fenêtres cintrées.

Leurs noms d'origine étaient porte d'Aboudid (Djurdjura) et porte de Tizi-Ouzou (Alger).

En 1928, un projet de construction d'une 3ème porte avait été envisagée mais nous n'avons pas pu définir sa localisation, malgré la présence d'un plan détaillé de cette porte.



La porte du Djurjura fut démolie en 1974.

La porte d'Alger perdura jusqu'en 1985. Selon un témoignage, à partir de 1963 les corps de gardes furent utilisés par le FLN comme relais de distribution d'habits aux habitants. Vers 1977-78, la baraque (côté rue d'en haut) fut cédée à un commerçant et l'autre servit de coopérative d'état, CAPCS, revendant les fruits te légumes que les "fellahs" algériens produisaient....."où on faisait la queue pour acquérir des pommes de terres, des oeufs et autres denrées".

En 1985, la porte fut heurtée par un camion, et il a été choisi de la démolir.
Il existe une photo montant les pierres de la porte numérotées en vue d'une reconstruction à l'identique mais ces pierres originelles ont disparu.
Le nouvel ouvrage accolé au centre culturel de Larbaa, à l'entrée de la ville est construit avec de toutes autres pierres, bien qu'il suive le calepinage de l'ancienne porte.

Bien que cette construction hybride d'une porte collée à un bâtiment neuf ne soit pas la plus jolie des compositions, elle a le mérite d'avoir conservé une trace de ce qu'étaient ces portes...

Porte d'Alger reconstituée - 2000


Porte d'Alger reconstituée


mercredi 13 février 2013

Dans la boîte à lettre - 1

Depuis que j'achète des cartes postales en ligne, je découvre le drôle d'univers des vendeurs de cartes postales. Leurs envois sont toujours amusants par les contenus, l'écriture, les timbres et autres détails.

Beaucoup d'entre eux ajoutent d'autres cartes postales dans l'enveloppe, en plus du mot de remerciement et de la facture. Un truc de passionnés assurément vu le temps passé, le soin apporté aux envois et le coût dérisoire des cartes allant de 1 à 5 euros pour celles que j'ai achetées. Intrigant...et passionnant :)

Première fois, première émotion : 
Les 2 premières cartes que j'ai acquises d'un même vendeur.
Envoi Standard : soigné dans une petite pochette en plastique. 

Les cartes sont assez petites 13,5cm x 8,7cm mais les photos sont d'une telle netteté et ont un degré de détail qui attire jusqu'à vouloir y pénétrer !




Celui qui recycle d'autres cartes : Il y a ceux qui en profitent pour refourguer une carte postale des années 90 prise gratis dans un bar,
ils collent le timbre à l'envers et ont fait fabriquer un tampon "PHOTOS - SURTOUT NE PAS PLIER - Merci". C'est avec un autre tampon qu'ils indiquent l'adresse de l'expéditeur.
Le mot de remerciement et la facture étaient sur une feuille à part.
Cette carte est l'une des cartes soeurs que j'ai reçues le 12 février.



Le maniaque du timbre poste : 
Il m'a remboursé un trop perçu de 24cts avec des timbres.
D'ailleurs certains vendeurs proposent le règlement des achats par timbres postes.

Sur l'enveloppe, des timbres datant de 1999 en Francs, avec l'équivalent en Euros inscrit dessous en plus petits caractères.

La carte était dans une pochette plastique sur laquelle était collée une étiquette "merci de me noter dés réception".


Celui qui n'est pas drôle : Carte dans une pochette plastique accompagnée d'une carte assez sinistre d'une grotte avec un poème au dos, tout aussi sinistre. Les timbres sont variés.


mardi 12 février 2013

Les Cartes Soeurs

Extraordinaire ! 
J'ai acheté 2 cartes postales anciennes sur internet à 2 personnes différentes, chacune à un bout de la France...et j'ai découvert au dos qu'elles ont été écrites par la même personne .. et de l'écriture la plus minuscule qui soit !
De Fort National en 1909, janvier et avril, l'une vers Le Mans, l'autre vers Oran.

Je les ai trouvées toutes les deux dans ma boîte à lettre ce soir.



dimanche 3 février 2013

La Caserne Rullières - partie 2 - état actuel

Cet article est associé à La Caserne Rullières - partie 1 - 1871

Vue de la façade arrière
J'ai eu la chance de voir la Caserne Rullières et de pouvoir prendre des photos de ce bâtiment, qui est amené à disparaître, en 1999 et en 2000 lors d'une visite d'étude.

Ce bâtiment remarquable n'a fait l'objet d'aucune rénovation, préservation à l'instar de tous les édifices coloniaux, militaires ou civils.

Le pillage de matériaux (bois de la charpente et des menuiseries, fer forgé des escaliers, cuivre des tuyauteries) durant la période d'abandon de la Caserne entre 1997 et 2001 a contribué à le fragiliser.
Sa toiture déjà bien endommagée n'existe plus à présent, ses planchers et tous les ouvrages intérieurs sont donc soumis aux intempéries.

Depuis que l'armée a réinvesti les lieux après les évènements du printemps Noir en 2001, plusieurs bâtiments ont été construits autour de la Caserne Rullières, s'inspirant d'ailleurs de son architecture, mais rien n'a été fait pour ou contre la ruine laissée telle quelle.

Sous d'autres cieux, elle aurait pu être réhabilitée en une belle médiathèque située dans un lieu fantastique.





Façade Principale 

Façade Arrière

Appareillage des fenêtres de la façade principale

Porte d'entrée







Le Réduit - 1871



En 1870, l’effectif des troupes françaises cantonnées dans la subdivision de Dellys, qui comprend les garnisons de Dellys, de Tizi-Ouzou, de Dra-El-Mizan et de Fort-Napoléon, est notoirement restreinte en raison du calme qui règne dans le pays car la majorité des hommes ont été réquisitionné pour la guerre de Prusse et l'insurrection de Paris.

La conséquence des luttes politiques de la métropole, dont l'Algérie subit le contrecoup, porte ainsi le discrédit sur l'autorité militaire et civile "qui ne contrôlent plus tous les désordres de la rue"[1].
Le peuple kabyle, qui ne s'était pas insurgé depuis la soumission de la région en 1857, trouve dans ces circonstances l'occasion de se révolter à nouveau. En effet, depuis le début de la colonisation, les tribus ont été expropriées de leurs terres (terrains collectifs), ce qui a eu pour effet de détruire leur système économique et social. De plus, les privilèges apportés aux chefs des tribus, notamment par le biais des Bureaux Arabes, ont crées des conflits internes.

A Fort-Napoléon, la garnison ordinaire, allégée par rapport à l’étendue de l’enceinte (2 300 mètres de développement et 17 bastions) ne peut donc pas assurer une défense convenable. Aussi, le Commandant du Génie de la place, pressentant le soulèvement, propose de diminuer l’enceinte à défendre et de présenter un projet de Réduit. Cette opinion est largement partagée par la hiérarchie, d’autant que le Fort occupe une position stratégique importante et que ses défenseurs doivent pouvoir s’y tenir en cas de siège, quelque soit leur nombre, jusqu’à l’arrivée des secours.[2]

L’édification du Réduit débute en 1870 puis est reprise en 1871 concurremment avec la construction de la Caserne Rullière, après l’insurrection kabyle qui a mis la place en péril pendant deux mois.

Vue panoramique du Réduit - 2000



[1] Bernard AUGUSTIN, op.cit.
[2] SHAT, Carton 1H603, Fort-Napoléon, Projets pour 1868-1869, Construire un réduit dans la partie haute du Fort, 1ère demande.


PROJETS DE REDUIT (fig. 15)
Plans d'étude du Réduit entre 1868 et 1871

La nouvelle enceinte a pour but de réorganiser une partie du casernement d’infanterie sur la partie la plus haute du Fort. Le projet se borne au mamelon supérieur du Quartier B.

Le projet de 1868, prévoit un mur de liaison partant de l’angle rentrant de la courtine 10-11 jusqu’à la courtine 13-14, formant ainsi l’enceinte de cette citadelle. Le développement de la muraille se plie à la configuration du sol de manière à éviter la construction de murs de soutènement trop élevés, la hauteur d’escarpe est constante de 5 mètres. Le long de la courtine 10 bis-19, un escalier à portiques relient les 2 bastions voisins, séparés par un important dénivellement, afin de rejoindre rapidement la partie basse du Réduit.
Le passage des voitures s'effectue par le front proche du bastion 13 bis, là où la pente est la plus douce et, face à la caserne, l'accès piétons est assuré par une porte desservie par une rampe.
Cette caserne, d'une capacité d'accueil de 300 hommes, occupe une position relativement centrale dans le Réduit, placée face aux terrains les plus escarpés, sa position privilégiée lui permet d'embrasser tout le paysage.
La poudrière et les locaux disciplinaires sont respectivement situés dans les bastions 13 et 18.

La poudrière

Le projet de 1871 est plus important par sa surface que le projet précédent, ici il englobe l'arsenal d'artillerie, limité par deux bastions. Le corps de garde s'installe face à l'arsenal et offre une entrée piétons plus imposante et visuellement plus dégagée.
L'entrée des voitures est déplacée le long de la muraille. L'escalier à portiques et la poudrière sont maintenus.
La caserne trouve ses proportions actuelles et supplantera les casernements provisoires d’Infanterie existants extrêmement délabrés (les bâtiments en U et en F) qui ne permettaient plus de loger la garnison de la place.
Les annexes de la caserne (cuisine, latrines, locaux de punition, château d'eau, etc.) s'y ajouteront plus tard.

Cependant, la nouvelle enceinte ne paraît pas répondre à une défense optimale de l'ensemble du Fort.
Le Comité des fortifications fait remarquer que les hauteurs de Taguemount et d’Imaïsseren[1], les deux points culminants extra-muros de la place, distants de seulement 900 mètres des fortifications, ont joué un rôle défavorable lors de l'insurrection de 1871. Des fortins occuperont ces lieux afin de combler ces défaillances de sécurité.



[1] Cf. plan de mobilisation en annexe.