dimanche 19 avril 2020

3-21 juin 1857, Construction de la route de Fort-Napoléon

La construction de la route de Larbaa-Nath-Irathen à partir de de Sikh ou Meddour, actuel Oued Aissi, fut réalisée entre le 3 et le 21 juin 1857, peu après la prise de Souk-El Arba.
Véritable exploit dû à la mobilisation de 25000 soldats et des kabyles forcés de prendre part aux travaux, la réalisation de cet ouvrage a fait l'objet d'un article dans "Le Monde Illustré du 11 juillet 1857" et d'une description détaillée dans les "Récits de Kabylie" d'Emile Carey qui a suivi toute l'expédition de Kabylie auprès des troupes de Randon.  
Le monument de Tamazirt, sera édifié en 1910 pour célébrer sa réalisation et rendre hommage aux seules troupes engagées dans les travaux.
Gravure "Expédition de Kabylie" - Le Monde Illustré - 11 juillet 1857 - Gallica- BNF

  • Le Monde Illustré 11 juillet 1857
    "Ouverture de la route stratégique de Sik-el-Meddour au fort Napoléon"  

« La route stratégique, tracée par notre armée de Kabylie, entre Sik-el-Meddour et la hauteur centrale du pays des Beni-Raten, que couronne le fort Napoléon, restera un des plus remarquables monuments de la puissance virile déployée par nos soldats sur le sol d’Afrique.
Quand on parcourt le massif des montagnes où plonge cette voie hardie ; qu’on contemple les gorges étroites qu’elle traverse, les escarpements qu’elle franchit, les ravins où elle se profile, éventrant les flancs abrupts des rochers, dressant les terrasses et les chaussées au-dessus et réalisant finalement sa route à travers le sol si profondément tourmenté, convulsé de cette nature sauvage, et que l’on pense que cette route de 23 kilomètres à travers d’aussi formidables obstacles, commencée le 3 juin, a été terminée le 21, c'est-à-dire a été exécutée en dix-sept jours, ce n’est pas seulement de l’admiration que l’on éprouve devant ce gigantesque travail, c’est un étonnement profond.
Ce fut de la stupeur qu’éprouvèrent les Kabyles lorsque le lendemain, le 22, ils virent une sélection d’artillerie de campagne, des voitures du génie et du train, parties à midi de Sik-el-Meddour, gravir au trot de leurs attelages les pentes de cette route et arriver à cinq heures au fort Napoléon.
C’est que nos troupes avaient compris que, pour vaincre les Kabyles, il fallait d’abord triompher de la nature qui avait fait de tout temps, l’inexpugnabilité de leurs retraites, et elles avaient attaqué cette nature avec la vigueur qu’elles mettaient à charger l’ennemi.
Nous offrons à nos lecteurs une des scènes de ce prodigieux travail, reproduite par un des brillants qui ont pris leur large part dans toutes les gloires de cette campagne, M. Ameller, chef de bataillon de zouaves. C’est l’ouverture de cette route par son régiment sur les pentes rapides du rocher Pourri, au moment où le maréchal Randon, visitant ces travaux, félicite le colonel de l’ardeur et de l’adresse de ses soldats. »
Extrait de "Expédition de Kabylie" "La visite du Maréchal Randon"
 Le Monde Illustré - 11 juillet 1857 - 
Gallica- BNF


  • Récits de Kabylie, Emile Carey, 1857
" … il faut une route pour relier Souk-el-Arba à Tizi-Ouzou : une route militaire, c'est-à-dire dominant le pays, suivant les crêtes et non les vallées ; une route carrossable ayant partout six mètres de largeur, assez entaillée dans les flancs des montagnes pour supporter avec sécurité deux voitures de front, et dont la pente soit au vingtième, c'est-à-dire descendant au plus de cinq mètres par cent mètres… il faut la mener à la vallée du Sébaou, placée à 900 mètres au-dessous de Souk-el-Arba. 

Enfin, et surtout, il faut la tracer et la faire de suite ; car l'Algérie n'aura pas toujours à la disposition du génie une armée de vingt-cinq mille travailleurs tout réunis, tout montés en pays berber, ardents à leur tâche comme s'ils allaient au combat, intelligents de leur oeuvre, comme si chacun d'eux travaillait à son propre champ.

Le général et ses officiers du génie se multiplient : le jour on les rencontre par les sentiers kabyles, cherchant, étudiant leur route ; la nuit, sous leurs tentes éclairées jusqu'autour, leurs silhouettes se penchent sur les plans du Fort.

Enfin, le 2 juin, quatre jours après l'arrivée des troupes à Souk-el-Ârba, le tracé est fait : 25,000 outils, en pelles, pioches, scies, haches, et 200 jeux de pétardement sont amoncelés par dépôts de Sikhou-Méddour à Souk-el-Arba.  

La route stratégique, tracée par notre armée de Kabylie, entre Sik-el-Meddour et la hauteur centrale du pays des Beni-Raten, que couronne le fort Napoléon, restera un des plus remarquables monuments de la puissance virile déployée par nos soldats sur le sol d’Afrique. »


  

vendredi 17 avril 2020

L'Ecole de Garçons de Fort National - 1950

Ecole Elémentaire - en 2000
L'école élémentaire du centre historique de Larbaa-Nath-Irathen a été construite vers 1950. 

Édifiée à proximité de l'Eglise et de la Mairie, l'Ecole faisait partie de l'ensemble de bâtiments institutionnels composant traditionnellement le centre civil des petits bourgs français : Mairie, Eglise, Ecole, Poste... 

Elle était initialement une "Ecole de garçons" avec un cours complémentaire (équivalent collège). Une école de Filles occupait un bâtiment jouxtant l'église (dates à préciser)
Dans les années 70, l'école de garçons fut transférée vers la route de l’Hôpital, à l'Ouest de la ville, et l'école des Filles prit possession des lieux.
Actuellement l'école, mixte, a été renommée "Ecole AMARI Messaouda" du nom d'une combattante originaire du village d'Azouza.

Mouloud Feraoun en a été le directeur de 1952 à 57 ce qui a contribué à la popularité de l'établissement, abondamment évoqué dans "Lettres à ses Amis" et "Journal" qu'il a rédigés en partie durant ces années où il fut en poste à Fort-National.


Création du groupe scolaire :

La création d'un groupe scolaire à Fort-National est mentionnée dés 1923 dans les archives militaires françaises, avec le projet de restructuration des parcelles des Ateliers du Génie où sera construit le bâtiment. En mai 1933, lors d'une des sessions des délégations financières "indigènes", M. Ouar Amar, délégué financier de la section kabyle, fait explicitement la demande de création d'une école de garçons "digne de cette ville" (source Gallica, délégations financières algériennes, 16 mai 1933)


Sur cet extrait de gravure de 1865, on aperçoit les ateliers du Génie (19) sur la langue de terrain en pente attribuée à la construction de l'école de Garçons.
On y voit également les logements des officiers du génie (23) qui accueilleront le premier groupe scolaire (l'église et la mairie ne sont pas encore édifiées)
Le premier groupe scolaire jouxtant l’église (initialement Logements du Génie) abritant aussi la première école de filles
Démoli dans les années 70 il est remplacé aujourd'hui par le "City market".

Description :

L'école se compose de 3 bâtiments d’environ 23 m de long par 11 m de large. Le bâtiment principal aligné sur la rue comporte le hall d'entrée, les bureaux et les logements de fonction . Les deux autres bâtiments sont perpendiculaires au premier et en escalier suivant la pente du terrain. Ils abritent les 4 salles de classes et la cantine dans le sous-bassement.


Façade principale de l'Ecole de Garçons


La façade principale se distingue par son entrée à l’architecture soignée reflétant la valeur donnée à cette institution « Ecole ». L'avant-corps avec une porte cintrée surmontée d’un auvent à double pente lui donnent à la fois un caractère d’architecture traditionnelle et un aspect de petit monument.


Hall d'entrée
Les façades latérales où on devine les salles de classe ont une architecture typique avec des linéaires de grandes fenêtres hautes pour un bon éclairage des salles. Les couloirs sont côté Est, les salles côté Ouest ?
La cour ?
Façade latérale de l'école et rue d'en bas


Vue de l'école depuis la cité des 96 logements

Etat actuel :
En dépit d'une relative dégradation de l'édifice, dûe notamment au manque de moyens affectés aux établissement scolaires, l'école a conservé son intégrité architecturale. Photos février 2016.



  



Directeurs depuis sa création :

1950 : M. Rekhou, Officier d'instruction publique
1952 -55 /60 : Mouloud Feraoun
1958 : Embarek Ouar
1963 : Mohand Chellah . Instituteurs M. Guebbi et M. Menouer
(M. Chellah a pris ensuite la direction du CEG)
1972-1973 : Larbi Haouch
1972-mars 2000 : Fatma Hocine Ouar
mars 2000 - sept 2000 : Ouiza Hamouma
2000 - 2007 : M. Amari Mouloud
2007 - 2013 : M. Ibrahim Henna

Directrice actuelle : Rosa Layazid.

version 1 article : 9 avr. 2013. Mise à jour : avril 2020