mercredi 18 décembre 2013

L’Hôpital Militaire et l'Ex-CEM de filles

L'utilisation des documents de ce blog est autorisée à condition de citer la source : larbaanathirathen.blogspot.com afin de conserver la traçabilité et la cohérence des données partagées.


Connu sous le nom "Ex CEM de filles" le domaine de l'ancien Hôpital Militaire est situé au nord-est de l'ancien Fort National, en contrebas de la place Abane.
D'une surface d'environ 16 000 m², c'est l'un des derniers vestiges presque complets des structures militaires historiques du Fort et l'une des dernières assiettes foncières importantes intra-muros...

Les bâtiments désaffectés après l'indépendance sont devenus la "Coordination des enfants de Chouhada (martyrs de la Révolution)" de 1963 à 1974 env. puis le CEM de Filles de 1975 à 1997 env.

Son état actuel nécessiterait un diagnostic poussé, mais globalement, une grande partie des bâtiments et des espaces extérieurs sont délabrés, voire démolis. Quelques bâtiments ont été investis (squat) comme logements privés, et 2 pavillons ont été annexés à l'APC.


Allée centrale de l’Hôpital Militaire, actuel parvis arrière de l'APC - carte postée en 1923
Les arbres et pavillons de droite ont été démolis dans les années 70

Entrée de l’hôpital militaire avec ses 2 jeunes arbres à présent centenaires
Localisation dans le Fort

Le site abrite en fait 2 ensembles de bâtiments : 
- L’Hôpital Militaire - composé de pavillons parallèles allant de 20 à 30 m de long par 7m de large, et disposés en gradins suivant la pente naturelle du terrain vers le bas.Les bâtisses sont actuellement occupées comme logements mais dans un état général de délabrement, comme pour toutes les constructions coloniales.

- Le Magasin des Subsistances : lieu où étaient stockés les vivres des militaires à l'époque du Fort, d'une surface au sol de 3000 m² environ. Il est composé de bâtiments organisés autour d'une grande cour et possédait même un bâtiment contenant de grands fourneaux.C'est ce lieu qui est devenu durant un temps le CEM des filles. Il est actuellement abandonné et ses toitures sont totalement détruites.



A gauche l'état d'origine, à droite l'état actuel avec, en jaune tous les nouveaux bâtiments construits depuis les années 80 (?) période de déplacement de l'ancienne mairie coloniale vers un nouveau centre administratif autour d'une nouvelle place à haute portée symbolique : la Place Abane Ramdane, l'un des architectes de la Révolution. 

Photos récentes (novembre 2013 ): 








Comparaison ancien - récent : 



vendredi 6 décembre 2013

Le Régiment du 1er Zouave de Fort-National

L'utilisation des documents de ce blog est autorisée à condition de citer la source : larbaanathirathen.blogspot.com afin de conserver la traçabilité et la cohérence des données partagées.

Les Zouaves étaient des unités d'infanterie appartenant à l'Armée d'Afrique, plus exactement d'Afrique du Nord puisqu'elle était stationnée au Maroc, en Algérie et en Tunisie. L'histoire de leur constitution s'est faite par étapes successives dont les détails peuvent être consultés sur internet, de même que leur organisation et leurs faits d'armes, ici ou  .

Nous pouvons retenir que la première formation des Zouaves a été créee par le général Clauzel, le 1er octobre 1830 et que ce corps d'armée a existé jusqu'en 1962, prenant part, pour la France, à toutes les batailles et guerres majeures de cette période : Guerre de Crimée, Guerre de 14-18, Guerre de 39-45, Guerre d'Indochine...

Les Zouaves sont, avec les tirailleurs algériens et tunisiens (Turcos), parmi les plus décorés de l'armée française. (source : Wikipédia)

Origine du terme "Zouave" :

Le terme ZOUAVE vient du berbère « Zouaoua / Zwawa, Igawawen », terme désignant nos tribus des hauteurs du Djurdjura.
"A proprement parler les Zouaoua sont les Kabyles qui habitent les contreforts les plus élevés du Djurdjura. Le premier indigène qui entra au service de la France après la conquête d'Alger, fut un Zouaoui ou homme des Zouaoua, de là le nom des Zouaves", Le Globe, Société de géographie de Genève, 1860, p.215

Sur le terme "Zouaoua", les avis divergent , voir sur Wiki

L'uniforme emblématique des Zouaves :



Bien que peu adapté à la fonction militaire, l'uniforme des zouaves, très élaboré, ne changera pratiquement pas de 1830 à 1962, car cette tenue « étrange et romantique » était une source de fascination et l’emblème prestigieuse d’un glorieux corps militaire à l’identité forte.

Etrangement, l’article de Wikipédia indique que cet uniforme s’inspirait du « style vestimentaire des populations kabyles de l'époque, dont la tenue traditionnelle s'inspirait très largement de celle des envahisseurs turcs qui occupaient le pays depuis des décennies. » (A confirmer…) alors que le plus souvent les documents le rattachent directement aux tenues des unités ottomanes, symbole de l’Orient.

Détail de l'uniforme (source Wikipédia allégé)
De coupe « orientale » ou encore appelée « à la turque », il se compose d'une coiffe arabe dite « chéchia », bonnet de feutre rouge, agrémenté d'un gland bleu et par la suite d'un turban de coton blanc roulé en boudin autour de la chéchia.

La « bedaïa », veste-boléro de forme arabe, en drap bleu foncé avec des tresses rouges, est portée sur le « sédria », gilet arabe sans manche bleu foncé à tresses garance.

Le « tombô » de la veste, sorte de fausse poche dessinée par une arabesque formée par la tresse décorative, est à la couleur du régiment.

Le pantalon arabe, le « sarouel » (dit aussi « saroual », « seroual » ou encore « serouel ») est d'une forme très ample et sans séparation d'entre-jambe.

Une ceinture de laine bleu indigo vient s'enrouler à la jonction du bas du gilet et du haut du sarouel (cette ceinture est destinée à tenir les intestins au chaud pour lutter contre la dysenterie). La ceinture, qui mesurait 40 centimètres de large pour quatre mètres de long, était l’élément le plus difficile à mettre, le zouave devant souvent appeler à l’aide un de ses compagnons.

De hautes guêtres de drap bleu foncé ou de toile blanche selon la saison ou la circonstance, portées avec des souliers cloutés de cuir noir, complètent la silhouette du zouave.

" Régiment des Zouaves - Le Turban" 
Cette belle composition photographique, presqu'un tableau, montre ces cinq hommes dans une scène de la vie de soldat lors de l'habillement avec ici le fameux Turban des Zouaves, qui pouvait se poser par dessus la chéchia ou la remplacer. 
Cette carte est précieuse car c'est l'une des rares (uniques?) à montrer l'intérieur d'un casernement, vraisemblablement la grande caserne Rullières que Les Zouaves occupaient. 
Les lits sommaires montrent que leur vie devait être rude mais le soin apporté à la décoration avec leurs fusils et autres objets militaires montrent une certaine forme de fierté ou de respect à leur rang ...

Inspirations

La renomée des Zouaves grandit très vite, marquant par leurs glorieux faits d'armes mais aussi et surtout par l'exotisme de leur apparence et de leurs tenues richement colorées.
En 1894 la marque de feuilles à cigarette Zig Zag qui les popularise et qui représente un zouave est connue de tous.
-----------------------------------
"D’où vient ce symbole ?
La légende raconte que lors de la bataille de Sébastopol, un Zouave a eu sa pipe cassée par un projectile. Il eut le premier l’idée de rouler son tabac à l’aide du papier de son sachet à poudre à fusil et inventa ainsi le papier à rouler et la cigarette ! C’est pourquoi depuis plus de 100 ans, le Zouave est l’emblème des papiers ZIG-ZAG en hommage à ce soldat ingénieux." 



Plus récemment la bande-dessinée "TURCOS" revenait sur l'histoire de ces hommes "qui ont combattu dans les tranchées, loin de chez eux, pour une Mère Patrie que la plupart ne connaissaient pas avant d’arriver sur le sol de France. À travers ces deux soldats, nous pourrons évoquer le rôle et la place des combattants indigènes dans l’armée française avec l’idée de montrer et surtout de raconter des histoires personnelles (exclusivement fictives) avec un arrière-plan réel et historique, celui de la Première guerre mondiale."

Extrait de la couverture de "TURCOS, le jasmin et la boue" -  Bande dessinée de Tarek, Kamel Mouellef et Batist.

Documents divers


Photos personnelles d'un ancien soldat
Photos personnelles d'un ancien soldat



samedi 30 novembre 2013

Fort-National - Années 50 - Collection EPA

L'utilisation des documents de ce blog est autorisée à condition de citer la source : larbaanathirathen.blogspot.com afin de conserver la traçabilité et la cohérence des données partagées.
Rue Principale - La Poste
Cet article présente une série de photos des années 50 publiées par l'EPA - "Editions Photos Africaines". 
Elles sont parmi les plus belles prises de la ville.
Déjà par leur qualité graphique : Photos noir et blanc, beaux cadrages, impression sur papier glacé à bords crénelés - caractéristique dans les années 50, etc

On y retrouve les sujets habituellement pris en photos : La "Grande Rue", La Rue d'en Haut, les Portes, le Marché, etc ... mais avec des angles de vue nouveaux et originaux qui augmentent leur qualité.

Enfin, elles nous renseignent sur les évolutions de la ville alors qu'elle est en pleine transition vers l'indépendance. D'ailleurs, on voit de plus en plus de kabyles dans le Fort alors que dans les photos du début du siècle, ce sont surtout des Européens (militaires puis civils) qui sont dans les rues, les terrasses des cafés, etc...


Rampe  menant à la rue d'en Haut - à gauche parmi les arbres se détache le clocher de l'Eglise.
Porte du Djurdjura - Jour du marché
Pour en savoir plus sur les portes de la ville : c'est ICI 
Porte du Djurdjura,  Jour du marché
Vue de la rampe menant aux Caserne et rue d'en haut.
Petite mosquée de la rue d'en haut
Le côté droit de la rue n'est pas encore construit, d'où cette lumière éclatante.
Pour en savoir plus sur cette mosquée : c'est ICI 
Le marché de Larbaa. Extra muros, en contrebas de la porte du Djurdjura
pour en savoir plus sur le marché c'est ICI 
Rue principale "Randon" vers l'entrée de la ville, où on peut voir une pompe à essence de type SATAM datant des années 20. http://www.fondationberliet.org/ressources-documentaires/station-service-pompe-histoire/
Le Grand-Hotel dans la rue principale 
Pour en savoir plus sur ce bâtiment singulier : c'est ICI 
Cette photo prise à l'intérieur de la Caserne ne date pas des années 50.
C'est probablement la ré-édition d'une ancienne carte des années 1910/20
Les soldats portent la tenue des Zouaves.





dimanche 27 octobre 2013

"Souk el Arba", le marché du Mercredi des Ath Irathen

L'utilisation des documents de ce blog est autorisée à condition de citer la source : larbaanathirathen.blogspot.com afin de conserver la traçabilité et la cohérence des données partagées.

« Le souk est un lieu de réunion qui a pour le Kabyle des attraits irrésistibles et semble aussi nécessaire à sa vie que l’air qu’il respire. » 

« Le nom de chaque marché rappelle celui de la tribu propriétaire et le jour de la semaine où il se tient. On dit le ‘’samedi des Aït Yahia’’, le ‘’dimanche des Irdjen’’, le « mercredi des Ait Ouasifs ».
Extraits de La Kabylie et les Coutumes Kabyles, d’Hanoteau et Letourneux – 1893.




Le marché de Fort-National, avec en arrière plan la muraille du Fort, dans les années 1950
Le Fort-Napoléon a été construit à "Souk el Arba", terrain neutre à la croisée de plusieurs crêtes et territoires. C'était le cœur de la tribu des Ath Irathen et un important lieu de décisions inter-tribales. 
Après la construction du Fort, le marché se tenait à proximité du Fort, entre la Porte du Djurdjura et Tizi n'Semlal, sur la route descendant vers Ait Oumalou. 

En dehors de son importance économique et sociale, le marché kabyle et son "réseau" sont une donnée essentielle pour comprendre la logique spatiale pré-coloniale.
Le "réseau soukier" observe une répartition équilibrée sur l'ensemble du territoire de chaque tribu. Un ordre cyclique permet qu'un marché quotidien soit en activité. Il est situé sur un lieu commun et remarquable, sans privilégier ni nuire à aucun village alentour. (source : Urbanisation et Organisation de l'espace montagnard. Cas de Larbaa N'at Iraten, une commune du Djurdjura. 
Mouloud CHEGRANI, EPAU d'ALGER, Avril 1988.) 

Vue Opposée de la carte précédente, où on peut voir en arrière plan, la Ferme de Lugon-Moulin à Tizi n'Semlal,
Pour illustrer le marché kabyle, j'ai choisi 2 ouvrages de référence offrant des points de vue différents et complémentaires : -"La Kabylie et les coutumes Kabyles" d'Hanoteau et Letourneux : le regard étranger de deux militaires ethnographes sur la société kabyle en 1893, intéressant par ses descriptions détaillées sur l'organisation sociale kabyle.
-"Jours de Kabylie" de Mouloud Feraoun : le regard, critique, amusé, simple d'un kabyle sur ses compatriotes en 1968.



"La Kabylie et les coutumes Kabyles" d'Hanoteau et Letourneux

« Le nom de chaque marché rappelle celui de la tribu propriétaire et le jour de la semaine où il se tient. On dit le ‘’samedi des Aït Yahia’’, le ‘’dimanche des Irdjen’’, le « mercredi des Ait Ouasifs ».

Les villages kabyles n’ont pas de marchands de détails chez lesquels on puisse acheter, à toute heure, les objets de consommation journalière. Les provisions de la famille doivent se faire au marché, qui se tiennent en dehors des lieux habités.

Aussi, ces centres de commerces sont très nombreux. Chacun d’eux a lieu régulièrement chaque semaine, à jour fixe et sur un emplacement connu. Il est peu de villages d’où l’on ne puisse se rendre chaque jour à un marché, sans parcourir une très grande distance.

Le souk est un lieu de réunion qui a pour le Kabyle des attraits irrésistibles et semble aussi nécessaire à sa vie que l’air qu’il respire.

Il trouve à y satisfaire tous les besoins, objet de ses préoccupations habituelles.

C’est là qu’il connaît les cours (prix) des denrées, vend ses produits, achète ce qui est nécessaire à sa famille, à son commerce ou à son industrie.

C’est là que les marabouts éclairent sa foi religieuse et lui font connaître l’époque des fêtes, le jour où commence et le jour où finit le jeûne du ramadhan.

C’est là qu’il entend publier les défenses de voyager, les appels aux armes, les bans de récoltes et tous les actes qui intéressent la communauté.

C’est là encore qu’il recueille les nouvelles politiques, dont il est avide, et qu’il va ensuite colporter et commenter dans sa djemâa.

C’est là que se discutent devant lui, les affaires générales du pays, les intérêts du çof, de la tribu, de la confédération. »


"Le souk est la propriété d’une tribu, quelquefois, mais rarement de deux. Le prix d’achat du terrain est réparti entre les villages, et dans chaque village, par maison, suivant les règles observées pour les impôts en argent.

Souvent, le sol est abandonné gratuitement par des propriétaires désireux de popularité.

Avant d’établir un nouveau marché, la tribu doit obtenir l’agrément des tribus voisines et choisir un jour qui ne nuise pas aux droits acquis.

Les marchés sont placés à proximité d’un cours d’eau ou d’une fontaine et autant que possible, dans le voisinage d’arbres qui procurent une ombre agréable ; un souk est toujours plus fréquenté lorsqu’on peut y passer la journée sans être incommodé par la chaleur."



"Chaque espèce de denrées est mise en vente sur un emplacement spécial, appelé "rab'ha".
Les boucheries occupent toujours le quartier le plus étendu." (l'appelation correcte kabyle pour l'emplacement est "rahva" et non "rab'ha")



"Sur la plupart des souk on vend et l'on achète toute espèce de marchandises. Quelques-uns cependant sont plus spécialement consacrés à certains produits. 

D'autres sont connus par des usages exceptionnels. On savait autrefois, dans tout le pays, qu'au "Samedi des Ait Yahia" et au "Vendredi des Ak'bil", les animaux étaient vendus sans garantie des vices rédhibitoires. " (On ne pouvait pas obtenir le remboursement de l'animal acheté si on découvrait une maladie grave ou d'autres anomalies)"



Carte rare montrant un caravane de dromadaires. Ils apportaient du sel de gemme du Sahara, denrée précieuse et prisée des montagnards qui l'échangeaient aux hommes du Sud contre de l'huile d'olive et des figues sèches.
A SUIVRE ... Jours de Kabylie

dimanche 20 octobre 2013

Soeurs Missionnaires de Notre-Dame d'Afrique

L'utilisation des documents de ce blog est autorisée à condition de citer la source : larbaanathirathen.blogspot.com afin de conserver la traçabilité et la cohérence des données partagées.

Bien qu'il n'y ait pas de lien direct avec Fort-National, je partage ici quelques cartes d'une collection remarquable, découvertes au cours de mes recherches.

Cette série de cartes, "Scènes et Types" sur la Kabylie, a été éditée par la congrégation des Sœurs missionnaires de Notre-Dame d'Afrique ou Sœurs Blanches fondée en 1869 par le Cardinal Lavigerie. 

Elles représentent des scènes liées à l'activité des Soeurs auprès de la population kabyle par les Ouvroirs, ateliers où les femmes pratiquent une activité sous la direction des religieuses, les Orphelinats, etc.

Cette collection de carte assez exceptionnelle se distingue par sa conception graphique : Composition et mise en scène des photos, qualité du papier de tirage, Tons gris bleuté et typographie soignée. elles figurent toutes des scènes commentées d'une légende détaillée.

A propos du Cardinal Lavigerie :
"En arrivant en Algérie, Monseigneur Charles Lavigerie porte son regard au loin, sur l'immensité du continent africain. Pour lui, Alger est "une porte ouverte" sur le continent noir. Son cœur d'apôtre désire annoncer Jésus-Christ à tous les peuples africains. Il fonde les Missionnaires d'Afrique et les Sœurs Missionnaires de Notre-Dame d'Afrique en leur donnant des consignes, toujours en vigueur aujourd'hui : apprendre la langue du peuple que nous accueille, se faire proches des gens par la nourriture, le logement, le vêtement... C'est même en raison de cette proximité vestimentaire que les pères et les sœurs sont connus sous le nom de "Pères Blancs" et "Sœurs Blanches". En effet, Lavigerie a donné à ses missionnaires l'habit blanc des habitants de l'Algérie ! On dit même que lorsqu'une Algérienne et une Sœur Blanche se promenaient ensemble, de dos, on ne savait pas distinguer l'une de l'autre !" (source Wikipédia)







mercredi 16 octobre 2013

Larbaa Nath Irathen 1973/1974

L'utilisation des documents de ce blog est autorisée à condition de citer la source : larbaanathirathen.blogspot.com afin de conserver la traçabilité et la cohérence des données partagées.

La SNED, Société nationale d'édition et de diffusion a publié une série de cartes postales couleurs de la ville en 1973 et 1974. 

Ces photos donnent un aperçu de ce qu'était Larbaa-Nath-Irathen au début des années 70, alors qu'elle entame sa mutation. Le centre ville apparait identique à ce qu'il était durant la période coloniale sans construction neuve remarquable, mais la série compte une des premières cartes postales de l'extension de la ville vers la route de l’Hôpital.

La ville est encore trés boisée, et la rue principale est dénommée "Abane Ramdane".

Vue Générale (depuis le minaret de la mosquée)
Au premier plan à gauche, la mairie, le cercle militaire et le mess des officiers encore existants
A droite la cité des 32 logements.
Cette vue montre clairement la morphologie en gradins de la ville, avec à son sommet la Caserne séparée du centre ville par un massif d'arbres.
Le centre civile historique dont les bâtiments épousent la route et les courbes du terrains, entre la rue d'en haut, la rue Abane Ramdane (avant de devenir Colonel Amirouche) et la rue d'en bas où se trouvent l'école et où le tissus urbain est plus aléatoire, se conformant aux langues de terrains constructibles dans un relief constrasté.
"Rue Abane Ramdane" devant la mairie.
"Rue Abane Ramdane" Entrée de la ville avec le fameux pignon où était écrit BYRHH
Sur la gauche de la carte on peut distinguer successivement l'école de Garçons, la cité des 32 logements et le minaret de la mosquée.
Verso de la carte précédente.
"Vue Générale" - Extension vers le Nord Ouest de la ville, côté CEG

Cette vue montre les prémices de l'extension de la ville, dans une forme typique des années 70, où de grands ensembles , logements ou équipements, sont implantés selon les assiettes foncières disponibles et sans relations les uns avec les autres (taille, orientation, distribution)...
Le tracé des routes d’accès principales et secondaires montrent qu'elles ne sont que le résultat d'exigences de distribution, sans réflexion sur l'ensemble de l'espace urbain.

Ce type de tissu urbain va générer le désordre fonctionnel, visuel et spatial qui s'est généralisé et amplifié à présent dans les quartiers périphériques de la ville. 





A PROPOS DE LA SNED : 
"la Société nationale d'édition et de diffusion (SNED), devenue l'Entreprise nationale algérienne du livre (ENAL) en 1983, était une entreprise publique d'Algérie, ayant pour activité l'édition et la distribution. Créée en 1966, elle fut dissoute en 1998.

Elle est le fruit de la nationalisation d'Hachette Algérie, suite à l'indépendance." (source Wikipédia)

dimanche 29 septembre 2013

Le Grand Hôtel de Fort-National

L'utilisation des documents de ce blog est autorisée à condition de citer la source : larbaanathirathen.blogspot.com afin de conserver la traçabilité et la cohérence des données partagées.


Le Grand Hôtel était l'un des bâtiments les plus atypiques de Fort National, par son architecture d'inspiration art-déco (années 20/30) et d'avant-garde par rapport aux constructions qui lui sont contemporaines, que ce soit en terme de volumétrie ou d'organisation de la façade.
Cet hôtel de 2 étages sur un rez-de-chaussée abritant un bar et un restaurant, avait la particularité d'avoir une terrasse avec pergola, qui a malheureusement été assez vite refermée pour constituer un étage couvert par une toiture en pente. Ce qui l'a fait se fondre dans la masse des autres bâtiments de la rue.

Son histoire : Le Grand Hôtel fut construit en 1933 par MM. Hocine Zidani, Amar Ouar et Ahmed Ziamni , copropriétaires du terrain, sur lequel ils firent également construire un bâtiment d'habitation et commerces allant du Grand Hotel à la Poste, ainsi que l'atelier de maréchal-ferrant de la rue d'en bas.En décembre 1938, un partage de biens entre les propriétaires attribue l'hotel à M. Zidani et l'immeuble mitoyen à MM. Ouar et Ziamni. 

L'établissement fut donné en gérance à Mr Cahuzac puis à Mme Vve Verond-Duplau jusqu'en juillet 1947.
L'hôtel très fréquenté possédait sa propre pompe à essence sur le trottoir. 
Il avait un certain standing comme en témoigne sa façade d'origine ainsi que les cartes de visite de l’hôtel  qui vante son "confort moderne, chauffage central, salles de bains, garages, et excursions".
La grande terrasse a été fermée pour constituer un étage supplémentaire et une petite terrasse donnant sur la rue d'en bas fut utilisée comme extension du café. 

Carte de Visite du Grand-Hotel . source : lestizis.free.fr


Aprés 1947 et jusqu'à 1954, la famille Zidani reprend la gérance de l'Hôtel.
(A suivre...) 
Les informations concernant l'histoire de l'Hotel ont été recueillies par Abderahmane Zidani auprés de sa famille.
Autre carte du Grand Hotel - source : lestizis.free.fr
Fin des années 50 ? (façade bien plus dégradée que sur photo précédente)

Son architecture : 
Sa façade est une composition symétrique sur 5 travées soit 5 baies (fenêtres ou portes) à chaque niveau.
Les 2 travées latérales forment comme de petites tours carrées encadrant la terrasse et la pergola du deuxième étage, donnant à l'ensemble l'aspect d'une petite forteresse. 

Au lieu d'une entrée classique dans l'axe du bâtiment, l'architecte a conçu une large baie aux proportions élégantes surmontée d'un auvent à pans coupés et angles arrondis typique du style art-déco des années 30.
Les fenêtres du premier étage ont également des éléments d'architecture art-déco : les balcons, les formes géométriques des ferronneries, et les moulures à pans coupé également.
De part et d'autre de la grande baie centrale, de larges portes vitrées desservent le bar et l'hôtel aux extrémités, et le restaurant dans la partie centrale.

Enfin le nom de l'hôtel est inscrit en grandes lettres majuscules à même la façade, dans une typographie qui se veut moderne et sans cursives, comme on peut les voir sur la façade de l'Hotel des Touristes, plus classique, par exemple.

Ci-dessous un montage comparant l'état du bâtiment originel à son état actuel.
Il n'est plus exploité comme Hotel mais une partie a été conservée comme Bar-Restaurant. Le reste du rez-de-chaussée est occupé par des petites boutiques à l'activité plus ou moins en déclin...
Son délabrement, à l'instar de tous les édifices coloniaux du centre ville à plusieurs causes dont le défaut d'une gestion initiale visant à entretenir ces bâtiments qui se sont ensuite heurtés à l'indivision, l'exil partiel des copropriétaire, les coûts de travaux conséquents sans aucune aide au financement par les pouvoirs locaux, une gestion locative "coutumière"et des contrats "oraux" bloquant toute velléité d'intervention et d'évolution.
Montage vues comparées - Années 30 et 2013

Façade principale du Grand-Hotel - Avril 2013
Escalier et entrée arrière du Grand Hotel
Dans la Rue d'en bas -  Avril 2013

Escalier et entrée arrière du Grand Hotel
Dans la Rue d'en bas -  Avril 2013
Pour terminer l'article, cette photo colorisée quasi-mystique où le ciel englobe une des tours, faisant disparaître une de ses faces et donnant à la façade cet aspect immatériel de "décor" de cinéma. 
Sur cette carte, le Grand Hotel a l'air d'être situé dans une ville fantôme du Far-West... 

Le Far-West...