Carte panoramique 3 volets - env. 1912-1915
date d'envoi 1917. dim : 27 x 13,5 cm
Au dos : la lettre d'un jeune soldat à sa fiancée.
En plus d'offrir une vue magnifique du Djurdjura et des terrains entourant le Fort, cette carte par son point de vue légèrement différent permet de mieux percevoir certains bâtiments du centre ville, comme la mairie, les ateliers du génie (école des filles actuelle), la gendarmerie et les domaines. Mais surtout la cavalerie (actuelle place Abane) à gauche de l'église, bâtiment toujours dissimulé par des massifs d'arbres dans les vues d'ensemble de Fort-National, et dont une des façade apparaît pour la première fois clairement.
Au dos de la carte, une longue lettre écrite depuis Fort-National le 05 mars 1917.
Un jeune soldat français d'à peine 20 ans y livre ses états d'âmes à une jeune femme restée en France, et qu'on devine être sa future fiancée. Il y décrit sa vie de jeune appelé confronté à la discipline sévère des corps de troupe Algériens et à la rudesse du Djurdjura hivernal...allant même jusqu'à souhaiter rejoindre le front Français et ses tranchées. Il lui dit aussi que les Algériens sont "des plus inhospitaliers".
A cette lettre, il a joint une photo de lui, comme le lui demandait sa promise. Il lui explique qu'il aurait souhaité attendre de se faire photographier avec sa nouvelle tenue et sa chéchia rouge, mais que pour répondre à son désir, il lui envoie une ancienne photo, un peu "irréelle". Petit échange si touchant par son universalité et son actualité...
Au dos : la lettre d'un jeune soldat à sa fiancée.
En plus d'offrir une vue magnifique du Djurdjura et des terrains entourant le Fort, cette carte par son point de vue légèrement différent permet de mieux percevoir certains bâtiments du centre ville, comme la mairie, les ateliers du génie (école des filles actuelle), la gendarmerie et les domaines. Mais surtout la cavalerie (actuelle place Abane) à gauche de l'église, bâtiment toujours dissimulé par des massifs d'arbres dans les vues d'ensemble de Fort-National, et dont une des façade apparaît pour la première fois clairement.
Au dos de la carte, une longue lettre écrite depuis Fort-National le 05 mars 1917.
Un jeune soldat français d'à peine 20 ans y livre ses états d'âmes à une jeune femme restée en France, et qu'on devine être sa future fiancée. Il y décrit sa vie de jeune appelé confronté à la discipline sévère des corps de troupe Algériens et à la rudesse du Djurdjura hivernal...allant même jusqu'à souhaiter rejoindre le front Français et ses tranchées. Il lui dit aussi que les Algériens sont "des plus inhospitaliers".
A cette lettre, il a joint une photo de lui, comme le lui demandait sa promise. Il lui explique qu'il aurait souhaité attendre de se faire photographier avec sa nouvelle tenue et sa chéchia rouge, mais que pour répondre à son désir, il lui envoie une ancienne photo, un peu "irréelle". Petit échange si touchant par son universalité et son actualité...
" Fort-National le 5-3-17
Mlle Marcelle (?)
C’est avec un bien grand plaisir que je viens de recevoir votre très aimable lettre du 27. Merci des bonnes choses que vous m’y dites. Il est certain que je vais être désigné pour Salonique Mais depuis ma dernière lettre je me suis renseigné à qui de droit et il existe une circulaire ministérielle disant qu’on ne peut pas envoyer d’hommes à Salonique avant qu’ils aient 21 ans révolus aussi vais-je réclamer et il est probable que j’aurais satisfaction alors on me versera dans le régiment d’artillerie alpine et j’irais dans les Voges peut-être y reverrais je votre père. Tout ceci est bien problématique et je ne puis prévoir l’avenir. J’ai été versé en Algérie parce qu’il s’est trouvé que c’était juste la lettre S qui allait le plus loin encore heureux que j’ai été versé dans l’artillerie. Un camarade de St Paul Sarzeau ( ?) a été versé lui au zouave à Oran. Nous avons trouvé en Algérie une population des plus inhospitalière une discipline de fer digne de la réputation des corps de troupe algériens. C’est vous dire ce qu’a été pour moi l’année de service qui vient de s’écouler. Combien de fois j’ai envié le sort de mes camarades de France qui quoique étant dans les tranchées sont plus privilégiés que moi et combien encore j’espère à aller les retrouver la haut, sur le front Français. Ici l’hiver a été très rude nous avons eu ici 2 mètres de neige, et le climat des montagnes de l’atlas est très rude maintenant le printemps commence mais l’air est très vif, les marches dans la montagne, l’ascension des pics et l’excursion dans les ravins avec nos pièces de 65( ?) le chargement du canon à dos de mulet tout ceci est rude et pénible et tout ceci dans un pays peuplé de xxxx de kabyle où la vue d’un européen et(est) rares constitue une vie presque sauvage et pénible même au point de vue moral. Merci des bonnes idées que vous vous faites de ma personne. Croyez bien que je ferai en sorte d’en être digne comme par le passé. De mon coté croyez bien que vous représentez à mes yeux le véritable type de la jeune fille française que j’ai eu le loisir d’apprécier avant mon départ. Je comprends très bien votre désir de recevoir ma photo et il est légitime. J’avais décidé d’attendre d’en posséder une en tenue du front que je viens de toucher et avec la chechia mais pour céder à votre désir je vous en envoie une bien vieille qui date du temps ou j’étais bleu et ou j’étais pas familiarisé avec le costume militaire aussi y suis-je très mal et très irréel ça pourra vous donner qu’une bien mince idée de ma personne attendez-en une autre plus réel pour fixer mes traits dans votre mémoire et dans votre cœur. Vous me demandez de vous rendre visite lorsque j’irai en permission ce sera de grand cœur mais hélas ! Quand pourrais je revoir ce beau Blayais ? je l’ignore et jusque là j’en serai réduit à me faire de votre personne que l’idée bien vieille que j’ai eu de vous quand je vous ai vue il y a bientôt 3 ans depuis vous avez du changé et devenir une demoiselle parfaite au physique ; je ne parle pas du moral je l’apprécie et en reconnaît la haute valeur dans vos lettres. A vous de m’apprendre me faire connaître votre personne comme vous m’avez fait connaître les sentiments délicats de votre cœur alors je n’aurais plus rien à demander xxxx l’amitié que vous m’avez offert et ce n’est que de persévérer. Merci pour les pensées que vous aurez pour moi. Déjà parfois j’ai eu l’intuition que vous pensiez à moi, que vos pensées allaient au-delà des mers et au-delà des montagnes jusque sous les cieux africains alors que le soleil se joue dans les neiges du Djurdjura. J’accepte votre amitié de grand cœur elle me sera très précieuse en échange je vous offre la mienne avec toute la cordialité, la constance et le désintéressement qui sont la base de toute amitié durable. Vous pouvez voire que déjà aujourd’hui j’use et j’abuse même de l’autorisation que vous m’avez donné de vous raconter toutes mes misères de ma vie de soldat.
A bientôt le plaisir de vous lire et acceptez mes sentiments les plus dévoués et les plus désintéressés ainsi que ma haute et cordiale amitié. Votre dévoué xxxx Seurin "
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