dimanche 11 août 2013

En voiture !

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La montée de Tizi-Ouzou à Fort-National est en soi un voyage... Lorsqu'on prend l'un des chemins qui montent, on est sûr de faire un beau voyage.. même à présent que les routes sont parfois saturées de véhicules, il y a toujours la promesse d'un beau paysage ou d'une vue à couper le souffle lorsque le massif du Djurdjura apparaît au détour d'un virage...

Bien avant les fourgons et les cars, bien avant l'automobile, la montée était une expédition quasi-épique comme le relate Jean Turin, 
magistrat qui vécut dans plusieurs villes d'Algérie après avoir passé son enfance à Fort-National. 

A lire : l'intégral de son récit riche de renseignements sur la vie de l'époque mais surtout un témoignage d'amour et d'amitié pour cette ville et ses habitants. 

"J'ai connu cette Kabylie de mon enfance à une époque où il était assez ardu de parvenir jusqu'à Fort National. D'Alger, le chemin de fer, généreux en fumée et en poussières, menait le voyageur en gare de Tizi-Ouzou. 
Un grand break l'attendait et le conduisait à l'hôtel Kohler en vue d'un traditionnel café au lait agrémenté de brioches et de croissants. Puis on reprenait place dans le break qui, tentures flottantes au vent, traversait au trot de ses trois chevaux, la foule compacte des burnous. L'odeur du bois brûlé, mêlé au parfum du caoua, quittait les cafés maures et accompagnait le voyageur qui glanait encore, au passage, d'autres odeurs : musc, benjoin, épices. Ce mélange ne heurtait pas l'odorat : il caractérisait la senteur de la cité kabyle, que l'on ne retrouve en aucun autre pays du monde, et dont on garde le souvenir nostalgique.

Tout allait bien jusqu'au lieu-dit « Les Fermes françaises». Puis la côte devenait rude. Les bêtes ralentissaient l'allure malgré le fouet et les injures. Les voyageurs, sous le soleil sans pitié, fermaient les yeux et une somnolence, cependant inquiète des mouches tenaces, tentait sa chance... Un cri brusque du conducteur mettait fin à toute incertitude.

— Tout le monde descend ! Sauf les dames, ajoutait-il galamment lorsqu'elles n'étaient pas en très grand nombre.

La montée sévère justifiait cet appel si l'on considérait les haridelles aux paturons fatigués qui, plus têtues, à l'occasion, que des mulets, étaient fermement décidées à ne poursuivre leur route qu'allégées de leur fardeau humain. 

Alors tout le monde descendait...."


Autobus Passicos et Meunier
Autobus Passicos et Meunier

Autobus Passicos et Meunier à Fort-National 


Hotel Lagarde qui deviendra Koller, étape entre Alger et Tizi Ouzou décrit dans le texte de J. Turin
Hotel Koller, source Delcampe



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