dimanche 3 février 2013

Le Réduit - 1871



En 1870, l’effectif des troupes françaises cantonnées dans la subdivision de Dellys, qui comprend les garnisons de Dellys, de Tizi-Ouzou, de Dra-El-Mizan et de Fort-Napoléon, est notoirement restreinte en raison du calme qui règne dans le pays car la majorité des hommes ont été réquisitionné pour la guerre de Prusse et l'insurrection de Paris.

La conséquence des luttes politiques de la métropole, dont l'Algérie subit le contrecoup, porte ainsi le discrédit sur l'autorité militaire et civile "qui ne contrôlent plus tous les désordres de la rue"[1].
Le peuple kabyle, qui ne s'était pas insurgé depuis la soumission de la région en 1857, trouve dans ces circonstances l'occasion de se révolter à nouveau. En effet, depuis le début de la colonisation, les tribus ont été expropriées de leurs terres (terrains collectifs), ce qui a eu pour effet de détruire leur système économique et social. De plus, les privilèges apportés aux chefs des tribus, notamment par le biais des Bureaux Arabes, ont crées des conflits internes.

A Fort-Napoléon, la garnison ordinaire, allégée par rapport à l’étendue de l’enceinte (2 300 mètres de développement et 17 bastions) ne peut donc pas assurer une défense convenable. Aussi, le Commandant du Génie de la place, pressentant le soulèvement, propose de diminuer l’enceinte à défendre et de présenter un projet de Réduit. Cette opinion est largement partagée par la hiérarchie, d’autant que le Fort occupe une position stratégique importante et que ses défenseurs doivent pouvoir s’y tenir en cas de siège, quelque soit leur nombre, jusqu’à l’arrivée des secours.[2]

L’édification du Réduit débute en 1870 puis est reprise en 1871 concurremment avec la construction de la Caserne Rullière, après l’insurrection kabyle qui a mis la place en péril pendant deux mois.

Vue panoramique du Réduit - 2000



[1] Bernard AUGUSTIN, op.cit.
[2] SHAT, Carton 1H603, Fort-Napoléon, Projets pour 1868-1869, Construire un réduit dans la partie haute du Fort, 1ère demande.


PROJETS DE REDUIT (fig. 15)
Plans d'étude du Réduit entre 1868 et 1871

La nouvelle enceinte a pour but de réorganiser une partie du casernement d’infanterie sur la partie la plus haute du Fort. Le projet se borne au mamelon supérieur du Quartier B.

Le projet de 1868, prévoit un mur de liaison partant de l’angle rentrant de la courtine 10-11 jusqu’à la courtine 13-14, formant ainsi l’enceinte de cette citadelle. Le développement de la muraille se plie à la configuration du sol de manière à éviter la construction de murs de soutènement trop élevés, la hauteur d’escarpe est constante de 5 mètres. Le long de la courtine 10 bis-19, un escalier à portiques relient les 2 bastions voisins, séparés par un important dénivellement, afin de rejoindre rapidement la partie basse du Réduit.
Le passage des voitures s'effectue par le front proche du bastion 13 bis, là où la pente est la plus douce et, face à la caserne, l'accès piétons est assuré par une porte desservie par une rampe.
Cette caserne, d'une capacité d'accueil de 300 hommes, occupe une position relativement centrale dans le Réduit, placée face aux terrains les plus escarpés, sa position privilégiée lui permet d'embrasser tout le paysage.
La poudrière et les locaux disciplinaires sont respectivement situés dans les bastions 13 et 18.

La poudrière

Le projet de 1871 est plus important par sa surface que le projet précédent, ici il englobe l'arsenal d'artillerie, limité par deux bastions. Le corps de garde s'installe face à l'arsenal et offre une entrée piétons plus imposante et visuellement plus dégagée.
L'entrée des voitures est déplacée le long de la muraille. L'escalier à portiques et la poudrière sont maintenus.
La caserne trouve ses proportions actuelles et supplantera les casernements provisoires d’Infanterie existants extrêmement délabrés (les bâtiments en U et en F) qui ne permettaient plus de loger la garnison de la place.
Les annexes de la caserne (cuisine, latrines, locaux de punition, château d'eau, etc.) s'y ajouteront plus tard.

Cependant, la nouvelle enceinte ne paraît pas répondre à une défense optimale de l'ensemble du Fort.
Le Comité des fortifications fait remarquer que les hauteurs de Taguemount et d’Imaïsseren[1], les deux points culminants extra-muros de la place, distants de seulement 900 mètres des fortifications, ont joué un rôle défavorable lors de l'insurrection de 1871. Des fortins occuperont ces lieux afin de combler ces défaillances de sécurité.



[1] Cf. plan de mobilisation en annexe.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire